CŒUR
Faisons une incursion sur les terres des SVT et demandons aux élèves de coller leur oreille sur la poitrine de leur voisin de table et d’écouter son CŒUR BATTRE. Cela pourrait être pour certains une vraie expérience de fraternité. Quoi ! mon voisin a un cœur, comme moi ! Il est un autre moi-même ? Bien sûr, c’est au verbe battre, en priorité, que le nom cœur doit être associé. Ses BATTEMENTS sont ordinairement inconscients, et le SANG CIRCULE sans problème. Mais il arrive qu’on les perçoive sous le coup d’une grosse émotion. Le cœur, alors, se met à PALPITER, on attend quelqu’un le cœur battant. Pourquoi ? parce qu’on l’AIME beaucoup. Comment cela se fait-il ? Parce que dans notre POITRINE, dans la région du cœur, il y a aussi des nerfs importants qui accélèrent parfois ses battements. Il y a aussi, dans la même partie de notre corps, notre estomac, qui nous fait sentir son existence lorsque nous avons mal au cœur, des NAUSÉES, lorsque nous somme ÉCŒURÉS par quelque chose qui nous dégoute. Mais, on le voit, entre le muscle CARDIAQUE, les nerfs et l’estomac, la langue peut très bien ne pas faire la différence et employer le mot cœur à propos de tout ce que nous SENTONS et RESSENTONS dans notre poitrine. En ce sens, le cœur, domaine du SENTIMENT et de l’INTUITION s’oppose à la TÊTE, domaine de la raison. Il s’oppose aussi, en tant que lieu de la CONSCIENCE et de la SINCÉRITÉ la plus profonde, à la BOUCHE qui peut mentir. Le cœur est imaginé comme un contenant, puisqu’on parle du fond du cœur, un contenant d’où sort le cri du cœu. C’est si important qu’une personne qui n’a pas de cœur un sans cœur est presque un monstre. Le maitre qui aura fait percevoir tout cela à ses élèves aura fait l’essentiel. Comment y sera-t-il parvenu ? en collectionnant toutes les locutions figées et association usuelles où figure le mot cœur, et en les classant selon qu’elles relèvent de la physiologie, de la digestion, de l’intuition, du sentiment et quels sentiments ? Ne pas oublier le COURAGE sens usuel au XVIIe s. Rodrigue, as-tu du cœur ?
Et plus tard, quand l’élève abordera les Pensées de Pascal, il trouvera tout naturel d’y lire que le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas et, sous la plume de ce savant, que les « premiers principes » mathématiques, qui ne se démontrent pas rationnellement, sont sensibles au cœu.