L'expérimentation
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L'exploitation raisonnée du vocabulaire - ainsi que son extension - est un enjeu très fort pour le développement de la maîtrise de la langue. Cela conditionne autant l'efficacité de l'apprentissage de la lecture et de l'écriture que la compréhension et la réussite dans toutes les composantes disciplinaires de l'école.
Le lexique et le vocabulaire
Les mots “vocabulaire” et “lexique” sont des termes, et toute terminologie est arbitraire. Mais enfin, (compte non tenu d'un autre sens du mot lexique, “petit dictionnaire”) on convient généralement d'appeler lexique l'ensemble des mots faisant partie de la “langue française” (qu'aucun dictionnaire connu n'a jamais complètement rassemblés) et vocabulaire un sous-ensemble du lexique, les mots employés par un individu pour exprimer ce qu'il a besoin d'exprimer dans sa vie courante et ceux qui lui sont connus pour recevoir la pensée des autres. En ce sens, dans l'enseignement primaire le vocabulaire est partout, et, dans l'enseignement secondaire, les professeurs de français ne sont pas les seuls à enseigner du “vocabulaire”. Tous leurs collègues, chacun dans sa spécialité, en enseignent aussi. Il ne faut pas se laisser décourager par l'immensité du lexique. En effet, les mots n'ont rien d'une masse informe. Il y a une hiérarchie parmi eux : des mots indispensables à toutes sortes de discours, des mots plus ou moins utiles dans diverses situations, des mots qu'on n'apprendra que sur le tas, selon l'occasion, et des mots de spécialité connus des seuls spécialistes, bref, beaucoup de mots que le plus cultivé des francophones n'emploiera jamais. De plus, certains mots dérivés sont “transparents”, c'est-à-dire qu'ils laissent facilement deviner leur sens. Il existe des listes de fréquence très commodes pour faire le tri et se limiter au vocabulaire que les élèves sont capables d'absorber. Ce vocabulaire leur servira à communiquer avec un minimum de malentendus.
L'acquisition et l'enseignement du vocabulaire
Le lexique général du français est un ensemble structuré de vocables, associés, reliés entre eux par des relations de sens (champs lexicaux, synonymie, polysémie,…), de hiérarchie (hyperonymie,…), de parenté et de forme (dérivation, …), d'histoire (étymologie) constituant un immense et très complexe réseau.
Tout naturellement, un enfant apprend peu à peu, par immersion dans l'oral, puis dans l'écrit, le vocabulaire dont il a besoin pour s'exprimer, communiquer, et acquérir des possibilités de choix dans l'expression d'une idée. (Il y a des cas où il faut dire « un chien », d'autres ou il faut pouvoir préciser « un labrador », par exemple.).
Mais cela, ne va pas sans peine ni sans insuffisance. Voyons le cas d'un mauvais ou moyen lecteur tâtonnant lors de la lecture de textes contenant des mots méconnus ou mal-connus : pour devenir autonome dans la construction du sens, il doit savoir interroger l'adulte, les usuels ou les outils disponibles, en fonction de ses besoins, ce qui ralentit la lecture et lui ôte beaucoup d'intérêt. Alors qu'on tient pour nécessaire, « pour comprendre un texte », la mémorisation de mots lus dans des contextes variés, il y a fort à parier qu'il n'aura pas le gout de lire souvent, des textes de plus en plus longs.
En classe, le vocabulaire s'acquiert la plupart du temps fortuitement, de manière “intégrée”, dans toutes les disciplines de façon transversale, interdisciplinaire, ainsi que dans les textes rencontrés en classe de français (avec cet utile temps d'interrogation sur les mots non-compris, par exemple). Il ne faut certes pas mépriser l' “immersion” mais il faut la compléter et c'est ce que se propose de faire la démarche exposée ici.
Il ne faut pas se laisser leurrer par des propos faciles :
Non, l'imprégnation laissée au hasard de la conversation et de la lecture/écriture ne suffit pas à développer le vocabulaire, même si elle apporte beaucoup à ceux qui maîtrisent déjà l'essentiel.
Non, il ne faut pas attendre qu'un enfant demande le sens d'un mot pour le lui révéler. Oui, les enfants sont capables d'abstraction bien plus qu'il ne nous semble : par exemple, rien de plus abstrait que des mots comme chose, truc ou machin, exploités à foison par les jeunes.
A l'école primaire comme au début du collège, on ne fera donc pas des cours de savante lexicologie, mais de savoureuses et nourrissantes leçons de vocabulaire.
Elles seront faites selon des principes simples, et réalisées de façon aussi systématique et méthodique que pour d'autres enseignements. Elles devront faire l'objet d'une progression réfléchie et d'une programmation organisée. Et bien entendu, afin de développer l'exploitation du vocabulaire déjà rencontré, il faudra favoriser son réemploi en production, tant à l'oral qu'à l'écrit.
Cette expérimentation propose d'enseigner le vocabulaire comme une discipline à part entière tout au long de l'enseignement élémentaire ainsi qu'au début du collège, mais sans oublier qu'il se situe dans un tout, ainsi :
- le passage de l'oral à l'écrit au cours de la leçon de vocabulaire développera nécessairement la conscience orthographique et la valorisation de l'orthographe ;
- chaque mot s'inscrivant dans un contexte syntaxique et ne se réduisant pas à ses aspects lexicaux, l'enseignement du vocabulaire concernera nécessairement aussi la syntaxe, avec un travail sur la phrase simple et complexe.
L'expérimentation de l'enseignement du vocabulaire
Ce que propose cette expérimentation, c'est d'enseigner le vocabulaire de façon méthodique et systématique.
Systématique, parce qu'on n'attendra pas la rencontre d'un mot difficile pour faire du vocabulaire. Méthodique, parce qu'une démarche type est proposée pour construire des leçons explicites du vocabulaire.
Les textes sur lesquels cette action s'appuie
Socle commun de connaissances et de compétences - programmes des cycles 2 et 3 de l'école primaire (2008) - progressions des enseignements - dossier de spécialistes et chercheurs sur le vocabulaire et son enseignement (Eduscol - École primaire).
1. Etablis sous la direction de Jacqueline Picoche