La lettre Vocanet septembre 2019

 

 


septembre 2019

 

 

Le mot de l'éditeur

Au mois de mars dernier nous avons découvert, tant sur des forums que sur des réseaux sociaux, des rapprochements faits par des enseignants entre Vocanet et un ouvrage à paraître aux éditions Nathan sous le nom de Vocaplus. 

Une recherche Google nous amène en effet à cette publication co-dirigée par Alain Bentolila et Bruno Germain. 

En raison de ces rapprochements nous avons diffusé un communiqué par le biais de notre site, des forums et de Twitter, avertissant de la totale indépendance de Vocanet à l’égard de la démarche commerciale Vocaplus dont nous devions donc apprendre l’existence fortuitement, alors que nous découvrions en tête d’affiche les noms de deux de nos collaborateurs, Bruno Germain et Adrien Wallet.

Nous étions, en somme, les derniers informés.

Les courriers que nous avons envoyés aux responsables ont fait l’objet de réponses affirmant l’entière originalité de Vocaplus et l’absence de toute dette à l’égard de Vocanet, que l’on dit même n’avoir jamais consulté.

Pour tirer au clair les différences entre ces réponses et les appréciations des enseignants, nous avons sollicité un des spécimens déjà largement diffusés, ce qui nous a été refusé ; il nous a donc fallu attendre pas moins de six mois la sortie en librairie.

Nous nous trouvons en réalité devant un ouvrage assez indéfinissable, où tout ressemble un peu à Vocanet et tout s'en éloigne. Que dire, pour n'évoquer que quelques aspects, de la liste de mots reprise de Vocanet avec quelques modifications dissimulatrices mais coupée de ses fondements linguistiques et pédagogiques qui lui donnent un sens. Il en est de même pour les fiches pratiques : le principe novateur de Vocanet, de partir des mots eux-mêmes est à la fois admis et violé par le recours important à l'image, qui convertit la leçon de langage en répertoire de choses.

Alors que les fiches Vocanet convoquent la sensibilité de l'enseignant aux mécanismes de la langue, Vocaplus, l'appelle à un rituel mécanique qui à grand renfort de photocopies, transforme en écrit ce qui devrait être oral. "La leçon de vocabulaire n'est intéressante que si les doigts se lèvent et les yeux brillent, elle est ennuyeuse s'il faut s'appliquer à remplir des cases dans du papier". (J. Pïcoche).

Enfin, Vocaplus obéit à une double volonté toute contradictoire de ne pas dire ses inspirations, tout en se donnant un nom dont le choix ne semble pas innocent, comme voulant, au fond, bénéficier de la crédibilité Vocanet.

Eh bien non, Vocanet ne cautionne pas Vocaplus, ni moralement, ni scientifiquement.

Ada Teller
responsable éditoriale Vocanet

 

Le mot de Jacqueline Picoche

On ne saurait penser à tout ! Il n’y a pas d’article TRAHIR dans mon Dictionnaire du français usuel !

Cela me ramène aux dernières années du XXe siècle, au temps où j’appelais “actants” les noms dont avait besoin un verbe pour fonctionner et où je les numérotais A1, A2, A3 etc. Ce n’est pas à mon grand âge que je me lancerai dans la rédaction d’un article complet en bonne et due forme. Je me contenterai d’une esquisse.

Pour qu’il y ait un TRAITRE coupable de TRAHISON, il faut deux groupes humains de puissance inégale ayant des intérêts communs, et un enjeu. Donc 4 actants.

Le groupe A1 est composé de quelques personnes qui agissent en bonne intelligence, sans grands moyens, dans un domaine qui intéresse fortement le riche et puissant groupe A2. Et voilà qu’un des éléments du groupe A1, le TRAITRE A3, voyant un intérêt à ABUSER de la CONFIANCE de ses AMIS, transmet aux gens du groupe A2, aux dépens de A1, l’objet A4 qu’ils convoitaient.

Ceux qui souhaiteraient un article plus développé n’ont qu’a se reporter à l’article TROMPER de Vocalire où ils trouveront les mots MENTIR, MENSONGE, DUPLICITÉ, VOLER etc.

Remontant beaucoup plus haut que le siècle dernier, je rappelle qu’un des plus anciens textes écrits en une langue française bien différente de la nôtre, la Chanson de Roland est une histoire de trahison. Le groupe A1 est l’arrière-garde de l’armée de Charlemagne composée de chevaliers chrétiens dirigés par Roland et le groupe A2, l’armée du roi sarrasin Marsile. Le traitre, le FÉLON, s’appelle Ganelon, et l’enjeu est le renseignement qui va permettre à Marsile de battre à plate couture la petite troupe de Roland. Force est de constater qu’à distance d’un millénaire, la nature humaine est toujours égale à elle-même.

 

Un peu d'étymologie
par Jean-Claude Rolland

La petite famille morphologique dont nous parle ici Jacqueline Picoche, avec ses deux radicaux trahi- et traitr-, est issue du verbe latin tradere « faire passer à un autre, transmettre, remettre, livrer », lui-même composé du préfixe trans « au-delà, par-delà » et du verbe dare « donner ». Autrement dit, la petite famille trahir est un membre de la grande famille DONNER.

Mais le verbe tradere a une autre descendance, celle de tradition, si bien que les mots trahison et tradition sont ce que l’on appelle des « doublets », deux mots ayant le même étymon mais des sens différents. Heureusement ! Car si la tradition est respectable, la trahison ne l’est guère ...

Attention, en dépit du – discutable – dicton italien traduttore, traditore tout traducteur est un traître, toute traduction est une trahison », la petite famille traduction ne fait pas partie de la grande famille DONNER mais de la grande famille DUC, dont nous aurons peut-être une prochaine fois l’occasion de parler.

 

 

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